Cet essai est un classique du marxisme. Rosa Luxemburg (1871-1919), théoricienne et révolutionnaire allemande, prend vivement parti contre ce qu’on appelait alors le « révisionnisme », comme elle marquera plus tard son désaccord avec Lénine sur la question de l’organisation du parti. Eduard Bernstein incarne à ses yeux le courant opportuniste, qui cherche à donner une assise théorique au réformisme, qui défend l’idée que l’on peut améliorer la société par des modifications légales progressives, en restant dans le cadre institutionnel, plutôt que par la révolution.
Rosa Luxemburg soutient au contraire qu’il n’y a pas d’autre voie d’accès au socialisme que par la révolution, c’est-à-dire par la transformation radicale et violente de la société. Derrière des querelles datées, des argumentations désuètes, des visions certes dépassées, demeurent une question non résolue, qui agite encore les esprits : le capitalisme est-il améliorable graduellement ? Et donc faut-il se résoudre, par réalisme, au triomphe de la social-démocratie ?
Née dans une famille juive en 1871, à Zamość, en Pologne orientale, Rosa Luxemburg émigre en Suisse pour y étudier, avant de rejoindre l’Allemagne, où elle poursuit son militantisme au sein du Parti social-démocrate allemand. S’opposant à la Première Guerre mondiale, elle est exclue du parti. Avec Karl Liebknecht, elle fonde alors la Ligue spartakiste, puis le Parti communiste d’Allemagne. Théoricienne marxiste, elle publie en 1913 L’accumulation du capital, son oeuvre majeure. Elle meurt assassinée en 1919 lors de la révolution allemande et de la répression de la révolte spartakiste.